"Oeil pour oeil"
Texte de Roseline GIUSTI-WIEDEMANN
Humanité, animalité, quelles limites ?
Les peintures récentes de Jean-Marie RODRIGUES explorent la figure humaine ou animale à ce moment précis où s’opère une mutation de l’une à l’autre.
Les faciès qu’il représente ne constituent pas, en effet, qu’un volume matériel de rose et gris ou de rouge et vert, vu de face ou de profil, chapeauté ou enturbanné, cornu ou à oreilles. Ce sont ceux d’êtres vivants qui gardent la mémoire du combat auquel ils se sont livrés. Farouches et inquiétantes, certaines têtes, même, jouent encore et encore, sur la scène de la toile, l’histoire et le drame dont elles sont habitées.
Le trait en mouvement offre une qualité de tension exacerbée. Sous les tracés noirs et vigoureux qui les oblitèrent, des joues se gonflent, des mâchoires s’entrechoquent, des nez s’écrasent ou percent. Parfois une dentition énorme effraie. Yeux et bouches se débattent sous la pression des ligatures fermes et incisives qui rayent les faces. L’intensité de l’action, la rapidité avec laquelle elles s’activent pour s’en défaire sont inscrites sur le volume propre de chaque figure et les distinguent. La plupart du temps, l’œil affleure sous la couche picturale sauvant le sujet représenté de l’immobilisme et du néant. « Il me regarde », dit alors Jean-Marie Rodrigues.
Or, pour Michel Zahar, si l’œil « substance concrète » est « objet matériel », le regard « d’essence spirituelle » est « principe fluide de la vie intérieure ». Et c’est bien cette « secrète énergie », comme le dit encore Zahar, que notre peintre tente de mettre au jour dans chacun de ses « portraits ». A ce moment, l’artiste sait que la bataille est gagnée, que le souffle du vivant a réussi à s’extraire de ce magma de liens imbriqués, tracés d’un geste impérieux.
S’exposer aux jets noirs que le peintre décoche à ses figures est le prix à payer pour connaître la délivrance. Car l’être qui surgit alors est restitué dans son principe de vie, désaliéné. Peu importe qu’il soit animal ou humain. Peu importe que surgissent ici une tête à ergots ou à cornes et là un visage d’homme. La frontière est étroite entre les deux états; l’artiste revendique ce lien ténu, cette ambiguïté, reconnaît même une connivence.
Plus rarement, des bouches à leur tour essaient de poindre. C’est d’ordinaire l’apanage des figures féminines. Alors des linéaments moins agressifs délimitent des plages colorées, traitées avec régularité à la brosse, donnant naissance à des portraits plus félins, gracieux.
S’intéressant seulement à la partie haute des corps, - l’animal est toujours représenté dressé -, l’artiste la grandit généreusement. Coiffes, chapeaux, turbans, ou crinières et protubérances, exaltés, donnent à ces têtes un port altier qui intensifie leur présence, touchant parfois à la coquetterie. On comprend mieux, lorsqu’on sait qu’il arrive à l’artiste de confectionner des costumes de théâtre.
Sur le plan plastique, l’acrylique fluide et vite sec fournit à l’artiste le médium idéal pour œuvrer dans l’urgence. Les outils sont peu conventionnels, parfois de récupération. Pinceaux épais, brosses ou même balais, pour les grands formats, fondent sur les figures à grands jets noirs. De densité inégale, le jus-venin, craché sur la toile, est produit d’un geste continu, sans reprise aucune, alla prima. Posés avec violence, ces bandeaux sombres sont la marque de la capacité de l’artiste à traduire avec justesse les forces vives qui l’assaillent. A vrai dire, Jean-Marie Rodrigues a coutume de peindre en musique, ou plus exactement se soumet volontairement à son emprise. Il recherche des compositions actuelles, répétitives, parfois lancinantes qui l’installent dans une sorte de transe jubilatoire.
Les dernières peintures de Jean-Marie Rodrigues sont, à leur manière, mais dans un registre laïc, une sorte de « lutte avec l’ange », épisode biblique tant représenté dans l’histoire de l’art. Ici les forces contraires qui sont à l’œuvre et dont chaque figure tente d’exprimer à la fois le combat et l’issue de cette bataille, relèvent tout autant du monde intérieur de l’artiste que du propos philosophique qui le sous-tend.
Humanité, animalité, quelles limites ?
Roseline Giusti-Wiedemann
Bordeaux, novembre 2009.
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Né en 1953, vit et travaille à Bordeaux
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